Veille du printemps...suspendre le temps

Veille du printemps:

Je me suis faite interviewer par surprise par un journaliste radio qui me demandait si je savais ce qui se passait demain. J'ai répondu que non; il m'a rappelé que c'était le printemps. Ah oui, le printemps. Il m'a demandé ce que cela évoquait pour moi.

Je rentrais rapidement chez moi et je n'avais pas envie de parler du printemps.

Le printemps, rien, ça n'évoquait vraiment rien. J'ai songé à lui refuser les quelques mots qu'il me demandait, cherchant dans l'urgence un prétexte quelconque, mais son regard bleu soutenait le mien avec insistance.

J'ai alors fixé le ciel uniformément et étonnamment clair, et j'ai fait mine de paraître inspirée. Des tas de clichés me sont d'abord venus à l'esprit. Puis me décidant soudain à débrider mon imagination l'espace d'un temps d'interview, je me suis mise à lui dire avec des mots fleuris la nouvelle portée de nos rêves, l'horizon qui s'étire et s'offre à nous, la gaieté, les promesses d'un nouveau départ, la légèreté des tenues et des esprits, les battements de coeurs qui se font plus audibles, les démarches plus subtiles, le calme, la douceur, et tous les mots qu'on a envie d'entendre aujourd'hui dans ce monde si fou qu'il oubliera bientôt de tourner, des mots d'insouciance, d'oubli...

Suspendre le temps et revâsser vraiment...Il m'a donné envie de ça, le journaliste aux yeux bleus. Merci à lui.