Elle lutte pour le respect du droit à l'éducation...

...Rabi Jaki Présidente du groupement de femmes de Tibiri au Niger :

« J’ai 35 ans, je suis veuve et je tiens un petit commerce d’épices et de légumes à Tibiri dans le département de Doutchi.

Je suis la présidente de Mourna, « joie » en haoussa, notre groupement de 54 femmes. Il est doté d’un centre d’alphabétisation que j’ai commencé à fréquenter en 1999. C’est mon époux qui m’avait alors poussée à y aller.

Au départ, j’ai eu du mal à concilier les tâches ménagères avec les cours. Aujourd’hui, j’arrive à m’organiser comme toutes les femmes inscrites au centre. Il est ouvert chaque jour, trois heures dans l’après-midi, sauf pendant la saison des pluies de juin à septembre. A cette saison, nous ne sommes plus disponibles, trop occupées par les travaux des champs. Le soir, nous sommes cinq à six femmes à nous regrouper autour des lampes à pétrole pour réviser nos leçons. Dans ce centre, nous apprenons à compter, à lire et à écrire en haoussa. Nous discutons de notre association, de l’éducation, d’autres choses…

La formation que j’ai reçue a changé ma vie de tous les jours : non seulement j’arrive à présider des réunions au sein du groupement, mais je peux aussi désormais lire et rédiger mes courriers et gérer les recettes de mon petit commerce. Je suis sollicitée jusqu’à Dosso, le chef lieu de notre région, pour assister à des formations avec d’autres femmes. C’est pour moi une vraie ouverture vers les autres : grâce à ces visites, j’échange avec d’autres femmes et, ensemble, nous apprenons des expériences des unes et des autres.

L’éducation est devenue pour moi quelque chose d’essentiel. Pour moi, éduquer une femme, c’est éduquer toute une Nation. Même si je n’ai pas eu la chance d’être mère, je contribue à la scolarisation des enfants de mes frères et soeurs car j’ai bien compris que l’éducation est indispensable dans la vie. Ma conviction, c’est que qui que l’on soit, fille ou garçon, on a droit à une bonne éducation ! Non seulement l’éducation profite aux enfants mais elle contribue aussi au développement des parents et, finalement, de toute la communauté. ».

(Ceci est l'un des 30 témoignages du livre "Elle change le monde" livre, co-édité avec Un, Deux...Quatre Editions)